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Lettre à un officier d’état civil. Pour June.

  -  .   -  Lettre à un officier d’état civil. Pour June.

Lettre à un officier d’état civil. Pour June. // Je ne connais aucune Julie. Par contre, j’ai pour amie une June depuis de nombreuses années June C. Nous nous sommes rencontrées sur les bancs de l’école. Jamais je ne l’ai appelée autrement. A l’époque je me souviens d’une jeune femme sensible qui se cherchait un peu. Tout bien réfléchi, elle cherchait beaucoup de choses à ce moment-là. De l’assurance, des amis (elle m’a écrit pour me demander d’en être), de la confiance en elle, de l’amour, de la reconnaissance mais si il y a bien une chose qu’elle avait trouvé et qu’elle ne cherchait plus c’était son prénom. Droite dans ses bottes, sûre d’elle : “mes parents m’ont appelé Julie mais mon prénom c’est June”. Depuis le jour de notre rencontre presque 15 ans ont passé et tout le reste elle l’a trouvé. Elle est June, l’incarnation de ce prénom qui sonne à mes oreilles comme une note douce, précieuse et poétique. “Julie” m’évoque une femme plus terre-à-terre et plus sévère qui m’est parfaitement inconnue. “Julie” est un costume trop étriqué pour elle qui la contraint et ne lui va pas très bien. Chacun ses goûts me direz vous mais tout son entourage est unanime sur ce point, “June” lui va mieux. Elle y retrouve de la souplesse, du confort et de la légèreté. Ce costume-là est une seconde peau. Il est fait pour elle. Taillé sur mesure. On l’appellerait Julie comme on rappelle à l’ordre son enfant lorsqu’il fait une bêtise, lui que nous gratifions d’ordinaire de noms doux et inventés. “Julie ! Descend de là tout de suite !”. Et comme June n’est plus une enfant, n’a rien à se reprocher et n’a plus besoin de se faire gronder, autant se débarrasser tout de suite de ce prénom inutile. J’ai une preuve irréfutable à vous apporter, vous pourrez essayer par vous-même si vous avez l’occasion de la rencontrer un jour : Appelez-la par son prénom d’origine. C’est assez cocasse, elle ne se retourne pas, ne redresse pas la tête, pas même un frémissement d’oreille. Nous sommes deux dans la pièce mais il lui paraît plus probable qu’une Julie transparente se cache quelque part entre nous plutôt que ce soit à elle que je m’adresse. Ma June. J’ai appris il y a peu que son compagnon souhaitait l’épouser à une seule condition : qu’elle soit une June pour de bon, sur le papier, écrit noir sur blanc entre deux pages de registre d’état civil. Lui non plus ne connaît pas de Julie, on n’épouse pas une étrangère, je le comprends. Que cet ultimatum ne vous paraisse ni étrange ni cruel, c’est une preuve d’amour de Maxime à June. Un véritable cadeau quand on y réfléchit à deux fois. “Autorises-toi enfin le droit d’être toi-même et s’il te faut une carotte au bout d’un bâton pour t’aider à sauter le pas et changer de prénom alors soit, je coifferais cette carotte d’une étoffe de tulle”. Mes mots vous paraîtront peut-être légers, je ne sais pas m’exprimer autrement veuillez m’en excuser. Voyez-y, je vous en prie, tout le sérieux et tout l’engagement dont il est possible de faire preuve pour vous montrer que, je le répète, je ne connais aucune Julie…

NB : Pardonnez-moi si vous vous appelez Julie, je n’ai rien contre ce prénom. Je vous avoue que j’ai un peu menti, j’en connais quelques-unes de très sympas et de pas si sévères que ça. NB2 : S’il vous plaît acceptez la requête de mon amie. J’ai très envie de célébrer leur amour en me saoulant au champagne.