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Doha

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Je voulais vous parler de mon voyage à Doha pendant lequel je n’ai pas vu Doha en vous illustrant mon texte avec des photos prises dans cet aéroport où nous sommes restés coincés 4 jours en zone de transit (là où ils vendent des parfums qui sentent très fort et des adaptateurs de prises, vous voyez.). Figurez-vous que je ne retrouve pas les images. C’est à dire que non seulement je ne pourrais pas vous parler de Doha mais qu’en plus je ne pourrais pas vous montrer comment je n’ai pas vu Doha. Ce que je peux vous raconter en revanche c’est que nous n’avions pas toutes les informations en main lors de notre départ et que nous avons eu confirmation après 7h de vol que nous n’aurions pas de visa, que le shoot pour lequel nous étions engagés aurait lieu au coeur même de l’aéroport, aéroport que nous aurions interdiction formelle de quitter pendant près de 96h. A cette annonce une personne sur les 4 est devenue folle (elle se serait arraché les cheveux si elle en avait) et s’est mise à se taper le torse en criant, 2 ont essayé de négocier à grand coup de bakchiches (j’imagine) (ça n’a pas fonctionné) et moi j’ai regardé. Peu de choses me troublent. Je m’adapte à toutes les situations avec une placidité déconcertante. Mehran Karimi Nasseri avait tenu 18 ans à Roissy, j’allais supporter ces 4 jours au Hamad. 4 jours. Mais pas un de plus. Au bout de 2h mon colocataire dansait la rumba mexicaine en peignoir dans ma chambre. Ça allait être long. Puis nous avons appris qu’il nous faudrait présenter notre ticket d’embarquement pour régler n’importe quel achat et là ça s’est corsé. Partant 4 jours plus tard nous en étions dépourvus.Une bouteille d’eau ? Un ticket. Un sandwich ? Un ticket. Des tampax ? Un ticket. Je nous ai vus morts de faim et déshydratés, les côtes saillantes, étendus au sol entre la porte B12 (Kinshasa) et la porte B13 (Copenhague). Une image terrible. S’en fût trop pour mes coéquipiers qui prirent les choses en mains, à l’inverse de moi bien décidée à me laisser porter jusqu’au bout dans cette aventure. Après d’âpres négociations, nous eûmes finalement l’autorisation de manger. Merci bien.Puis en vrac : Simon est passé à 1 cheveux de se sectionner le tendon d’achille en faisant des haltères, on s’est baignés dans une piscine suspendue au dessus du Hall 2, pour faire rire les copains j’ai fait semblant de téléphoner avec la douchette dans les wc publics avant de comprendre à quoi elle servait, j’ai photographié un menu qui coûte l’équivalent d’un salaire moyen Hongrois, du coup je l’ai mangé et s’il n’était pas déjà mort j’aurais pu tuer mon grand-père pour en manger une seconde fois.Le premier air extérieur que nous avons pû respirer après 4 jours d’enfermement fut celui du périphérique parisien à notre sortie de Charles de Gaulle. On aurait dit 4 teufeurs sous acide tant l’hystérie nous emporta. Je ne pensais pas que les pots d’échappement me rendraient si heureuse un jour, il faut un début à tout. Bref, je suis allée à Doha.