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OCTOBRE/ NOVEMBRE/ DÉCEMBRE (oui je sais) : Le Temps est passé. Je lui ai proposé un café-clope il m'a dit non vraiment c'est gentil faut que je file, j'ai pas une minute. Quand il est reparti j'avais pris 10 ans dans les dents. / J’ai assisté à un concert. Ça faisait longtemps. J’ai fermé les yeux tout du long. Mauvais investissement. / L’autre matin après avoir cumulé 10h de sommeil en 3 nuits, sur la route je me suis demandée si j’avais pas oublié quelque chose. J’ai fait une liste dans ma tête. L’appareil, ok. Les batteries, ok. Les cartes mémoires, ok. Mon corps. Et là j’ai eu un doute, un vrai doute. Le jour où je l’oublie vraiment, faites-moi signe./ A l’aéroport du Luxembourg ils ne vous souhaitent pas un “agréable vol” mais un “vol agréable” et ça change tout. / J’ai l’écriture vexée./ En route pour Chartres, c’était mal barré cette histoire. On m’a dit tu vas photographier une éleveuse de poules sans poules et pour ça faudra te lever à 5h du matin. C’est la fin d’année. J’ai accepté. Le chauffeur de taxi m’a assuré que Louis Vuitton avait une maison dans le coin et qu’il venait souvent faire du cheval. Puis il a continué en me disant que dans la Beauce ils avaient le taux de suicides d’agriculteurs le plus élevé de France. J’ai espéré que les miens soient toujours vivants. Ils l’étaient. L’agricultrice s’est présentée “Avant j'étais préparatrice en pharmacie mais j’ai toujours été attirée par les œufs, faudrait que j’en parle à un psychanalyste”. Finalement elle a bien voulu me montrer une poule. “On va l’appeler Lucie comme ma grand-mère” J’ai pas dit non. Dans le train retour “Au prochain arrêt, Jouy”. Je me suis dit qu’on m’avait jamais draguée aussi frontalement. / “Je peux pas partir sans avoir réparé quelque chose”, je pensais qu’elle parlait de notre histoire et de mes blessures. Elle a débouché mon lavabo. / “L’imprévu c’est pas trop dans mes prévisions” / Ce matin encore couchée, dans mon nez une odeur d’herbe coupée. / Et que si c’est pas sûr c’est quand même peut-être (Jacques Brel) / En entrant dans la salle de bain, “Tiens, qui est donc ce jeune mexicain androgyne un peu laid ?” C’était moi. J’ai dû confondre ma crème de jour avec un fertilisant pour gazon. Ma moustache est épatante. / J’ai un trou dans le cœur, je le nourris et le chéris il est la preuve que tu fus aimé.

Poire à lavement et sandwich au caca // Hier soir, en répondant à Sophie qui s’excusait de m’avoir traînée sous un déluge de tous les diables pour aller voir le Père Noël sur une péniche (what a good idea) je réalisais une chose : j’aime bien les plans galères.  En janvier dernier, toute seule à Deauville, après avoir dit adieu à un copain je me suis dit «Tant qu’à être là, demain matin tu te lèves à 5h, tu fais une heure de route et tu vas regarder le lever de soleil du haut des falaises d’Etretat. »  J’avais oublié 3 trucs : - Se lever tôt c’est chiant- En Normandie il pleut - Un lever de soleil en janvier t’oublies Après avoir sillonné les départementales biscornues, je suis arrivée dans le village encore plongé dans l’obscurité et j’ai toqué à la vitre du bureau de tabac pas encore ouvert pour supplier qu’on me vende un briquet. Le buraliste m’a sauvé la vie : “Oubliez l’idée d’aller en haut des falaises de nuit. Vous allez mourir.” Ce qui n’est pas con quand on y pense. Moi par contre je le suis assurément. (Et en plus il m’a vendu du feu, le brave homme. Mourir en glissant d’une falaise ou d’un cancer des poumons visiblement j’ai choisi mon camp et mon petit doigt me dit que c’est pas le bon. C’est un peu comme choisir entre une poire à lavement ou un sandwich au caca. Il n’y a pas de bonnes réponses, juste des intuitions. -slide 5-). J’ai poireauté une heure dans ma voiture sur le parking en attendant que le jour se lève parce qu’après un petit tour de nuit sur la plage à 6h du matin je me suis dit : si Guy Georges passe par là, t’es cuite ma p’tite. Ma témérité a ses limites. Merci Fabrice Drouelle.  Le ciel à peine éclairci je suis sortie de ma voiture et j’ai marché 2h en haut des falaises sous une averse comme seule la Normandie sait le faire, le corps frêle secoué par les bourrasques. J’étais seule, triste sans aucun doute, trempée jusqu’aux os, mon jean blanc plus si blanc que ça (souvenez-vous que je ne sais jamais m’habiller en fonction des circonstances) et pourtant c’était une des meilleures matinées de ma vie. Donc bonh… la petite averse d’hier ça va.