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Slovénie

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La Slovénie //

Ça y est c’est la panique. Je faisais un peu plus la maligne la semaine dernière quand je suis arrivée la fleur au fusil à l’aéroport du Luxembourg. Heureuse et légère de partir en Slovénie, envoyée là bas dans le cadre d’un voyage de presse. J’avais rendez-vous devant la porte d’embarquement avec “mon” journaliste. A moi. Le mien. Mon journaliste. On se rencontre, on s’aime, on se suit partout, on se flatte, on se déchire parfois et au bout de 24h la mission terminée on ne se revoit plus jamais. C’est comme ça, c’est la vie. (Faudra que je vous parle un jour de mon voyage en Italie avec une journaliste qui me terrifiait tellement que je n’osais pas refuser lorsqu’elle me proposait de m’apprendre des postures de yoga TOUS LES SOIRS PENDANT UNE SEMAINE (je n’ai jamais fait de yoga de ma vie, j’ai la souplesse d’une poutre, je la soupçonnais d’être maîtresse SM du genre à vous écraser les tétons avec ses talons aiguilles en riant aux éclats. Imaginez la pression. Un enfer.)) Dans d’autres situations mon journaliste s’est appelé François, Catherine, Julie ou Pierre, mais ce jour-là et pour les 4 à venir ce sera Franck. Lui et moi sommes liés par notre mission. Il écrit, je photographie. Les Bonnie & Clyde de la rubrique Terroir de Télé Star c’est nous. Franck m’attendait face à la baie vitrée, “je regarde les avions qu’on ne voit pas”. Un brouillard dense nous enveloppait ce matin là, on n’y voyait pas à 5 mètres sur le tarmac. Le problème c’est qu’au bout de 2 minutes Franck me demanda pour qui j’écrivais. “Comment ça pour qui j’écris ? T’es pas mon journaliste ?” “Non, moi je bosse pour Vosges Matin”. “Ah. Merde.” Persuadée que la rédaction s’était trompée en m’envoyant seule là bas et que je n’avais donc par conséquent rien à faire ici, je les appelais un peu paniquée et raccrochais encore plus décomposée. “Aucun journaliste ne t’accompagne, tu nous feras une note d’intentions”. La voilà donc la panique. Je suis rentrée. Les photos sont faites. Pas trop mauvaises je crois. Envoyées hier, même. Eric le rédacteur en chef attend maintenant mes notes. Je lui ai promis. Une promesse ça s’honore. La vérité c’est que durant ces 4 jours, accompagnée 18h/24 par une guide… la vérité… la vérité c’est que je n’ai rien écouté. Voilà c’est lâché. Je suis la même qu’il y a 25 ans en CM2. Plus il faut être attentif, moins je le suis. Plus on me dit “tiens-toi droite !” plus je me courbe. Ce n’est pas une histoire de rébellion ou de volonté, c’est dans ma constitution.Au sujet de ma concentration je tiens tout de même à me dédouaner un peu. Premièrement mon anglais n’étant pas excellent, avec l’accent Slovène on n’est pas partis sur de bonnes bases lui et moi. A peine arrivés, dans le van qui nous transportera toute la durée du séjour, la guide nous parla d’emblée de Drug Trafic. Direct. Cash. Elle est comme ça. “On emprunte les petites routes pour se rendre dans la vallée parce qu’avec le trafic de drogue, causé par notre proximité avec la Méditerranée, parfois sans prévenir on se coltine des embouteillages monstrueux.” Elle reprend quelques minutes plus tard “ Le trafic de drogue est hyper dense en Slovénie, nous sommes une plaque tournante Européenne.” Vraiment sans langue de bois cette petite dame. Puis rebelotte: “Ils ont goudronné toutes les routes par ici, volonté du gouvernement, fallait faciliter la circulation de la drogue.” Bien bien, de mieux en mieux, duplicité de l’État. Incroyable. Mon séjour bucolique en Slovénie s’annonce un peu plus thug que dans mes prévisions. Tant mieux. Sauf qu’à mesure que mon étonnement grandissait des doutes survenaient, je suis un peu neuneu mais j’ai mes limites. Puis soudainement j’ai compris. Truck Trafic pas Drug Trafic. Camions. Pas drogues. Sarah…J’ai enterré du même coup mes espoirs de vivre un séjour en mode Cartel & Cocaïne et l’appréciation que j’avais de mon niveau d’anglais. Double peine. Deuxièmement il faut savoir qu’un dicton de là-bas dit “Le meilleur moyen de rendre un slovène malheureux est de lui dire que vous avez soif en sortant de table”. (ou un truc comme ça, je vous l’ai dit juste avant j’ai pas compris grand chose).(Ils disent aussi que “l’amour passe par l’estomac” moi personnellement j’ai autre chose qui me passe par l’estomac et c’est pas demain la veille que je vais l’appeler mon amour, mais c’est un autre débat.) Toujours est-il qu’on a bu. Beaucoup. 12 verres de vin le premier jour après j’ai arrêté de compter. C’était pas un voyage de presse c’était un marathon du pinard. Je vous met au défi de travailler dans des conditions aussi terribles. Par politesse je ne voulais (et ne pouvais) pas cracher (la nature ne m’a pas dotée de ce don, je suis dépourvue d’élégance dès que j’essaie, en public j’ai arrêté). J’ai donc terminé chacun de mes verres. Ma conscience était tranquille et ma concentration, elle, un peu trop. 3e et dernier point (ça commence à être long, je voulais me dédouaner pas écrire un bouquin) : Ma guide. Adorable. Attentionnée. Cultivée. Ma guide, donc, dans le souci de nous en apprendre le plus possible en 4 jours, ne nous a épargné aucune information. “Sur votre gauche, Dacia, Renault, Citroën, des concessions automobiles” “Ah”. “Dans ce quartier les loyers sont à 600€ pour un petit deux pièces de 30m2, ça peut grimper jusqu’à 1000€ pour un 40m2”, “Le Triglav (plus haute montagne de Slovénie) culmine à 2864 mètres, 100m de plus que le Škrlatica, 1945 de moins que le Mont Blanc.” “Avant le séisme du 14 avril 1845 qui détruisit 10% de Ljubljana, ce bâtiment à votre droite était une fabrique de briques.” Au bout d’une journée mon cerveau était saturé. Plus aucune information n’a été foutue d’y rentrer. Me voici donc comprenant un mot sur deux et parfois dans le mauvais sens, saoule et le cerveau au Service Après Vente à devoir retenir des informations pour les restituer à mon rédacteur en chef. La belle affaire. Eric si tu me lis je te jure que la note arrive.P-s : Par souci d’anonymat j’ai modifié le nom de mon client. C’est dommage j’aurais bien aimé travailler pour Télé Star.